L’Histoire du savon

L’hygiène et l’histoire du savon sont étroitement liées. En effet, aux temps préhistoriques, les premiers êtres vivaient tout près des cours d’eau. Ils avaient conscience qu’elle était essentielle à leur survie mais l’hygiène, comme nous l’entendons aujourd’hui, leur devait être étrangère et non prioritaire. Il faudra attendre l’âge du bronze, 2700 avant JC., pour que l’hygiène corporelle commence à rentrer dans les mœurs.

De l'Antiquité au Moyen-Âge

En 3000 avant J.C., pendant les fouilles de l’Antique Babylone, il a été retrouvé des jarres d’argiles contenant un matériau qui ressemblait à du savon. Les inscriptions sur ces dernières, déclaraient que les graisses animales ainsi que les cendres étaient bouillies pour donner du savon.

En 1500 avant J.C., d’après des archives, on sait que les Egyptiens se baignaient régulièrement. Le papyrus Eber, texte traitant de médecine, indique que la combinaison des huiles avec des sels alcalins, forme une matière similaire au savon, permettant de traiter les maladies de peau et pour le lavage du corps.

histoire du savon

L’eau était effectivement un outil de lavement et de propreté dans l’Antiquité, et cela l’a été encore au Moyen Age. Mais ensuite, il s’est produit quelque chose d’extrêmement complexe qui est difficile à expliquer. Il y eu progressivement, une crainte de l’eau et une disparition du savon pour l’usage du corps !

Papyrus Eber

histoire du savon
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Strigile en bronze

En 300 avant J.C., les Grecs avaient pour usage de se laver par abrasion, en utilisant du sable, de l’argile et des cendres. Ensuite, ils s’enduisaient d’huile puis l’enlevaient en même temps que la saleté, avec un racloir recourbé, appelé strigile.

Ce n’est qu’au 2ème siècle après J.C. que Galien, médecin Grec, recommande l’usage du savon autant pour son aspect thérapeutique que pour l’hygiène corporelle.

Après la chute de Rome en 476, s’en est suivi des périodes de calamités dues au manque d’hygiène des populations jusqu’au 17ème siècle.

Malgré tout, certaines régions du monde médiéval, ne sont pas impactées, car elles accordaient une importance particulière à l’hygiène corporelle. Au moyen âge, les plus aisés pouvaient se permettre les bains fréquemment contrairement aux paysans qui malgré un manque généralisé d’eau courante, se laver plus régulièrement dans des bassines. A cette époque, les couverts étant peu rependus, se laver les mains avant et après le repas, était considéré comme du savoir-vivre.

Peu à peu, le métier de savonnier est reconnu. Les guildes savonniers gardent jalousement les recettes secrètes. C’est pourquoi Charlemagne, intime que des fabricants soient implantés sur tout le territoire. Cependant, les deux tiers de la production doit lui être réservée.

Les Temps Modernes

Nous allons nous intéresser à cette période qui est l’époque moderne ou temps des rois, et plus particulièrement à Louis XIV qui selon l’histoire, n’aurait pris qu’un seul bain durant toute sa vie.

Paradoxalement, c’est grâce à lui et à son ministre COLBERT que le savon a pris son essor.

Ils installent alors, les premières industries de savons à Toulon et fixent certaines règles comme de n’utiliser qu’exclusivement des ouvriers Français et des huiles Françaises ( le 100% Français était déjà à la mode ).

Ce n’est qu’en 1669 que ces industries déménagent et viennent s’installer à Marseille. Cette dernière ayant des conditions de marchés plus intéressantes, le SAVON DE MASEILLE était né !

Mais sous son règne, les codes de la propreté ont changés. Se laver devient totalement obsolète voir dangereux. L’eau devient l’ennemie du corps car elle est vecteur de maux et de maladies, notamment de la redoutée peste, qui s’infiltre au travers du corps !

Se laver se résume à une toilette sèche sans savon, uniquement sur les parties visibles des autres : les mains, les pieds, le visage et le décolleté pour les femmes…

Cette toilette se fait en utilisant un linge blanc imbibé de parfum avec lequel on s’essuie le corps. Être propre se résume à avoir de beaux habits que l’on change souvent, et de se parfumer énormément.

Pourquoi alors implanter des industries de savons en Provence si la population n’utilise pas de savon pour se laver ?

La raison est toute simple, le savon produit à Marseille ne servait qu’au lavage du linge. Il n’était donc pas question de se laver, mais plutôt de sembler propres et nets, par respect pour l’entourage.

L'Epoque Contemporaine

Après 1791, avec l’invention de la fabrication de la soude à grande échelle, c’est l’âge d’or du savon. Il reste certes très lourdement taxé, mais devient peu à peu meilleur marché. Il devient recommandé et même obligatoire lors de campagnes d’hygiène et de santé publique.

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Nicolas LEBLANC (1742 – 1806)

Nicolas Leblanc, chimiste français, brevète en 1791, un procédé de fabrication de carbonate de sodium à grande échelle. Cette technique étant très polluante et coûteuse, Ernest Solvay, chimiste Belge, améliore le procédé, 60 ans plus tard. Les conditions lui sont favorables avec le développement de l’électricité ainsi que l’installation de grandes usines.

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Ernest SOLVAY (1838 – 1922)

C’est l’âge d’or de la savonnerie. Le savon est lourdement taxé et est considéré comme un produit de luxe au 19ième siècle. Puis, lorsque les redevances sont ensuite levées, le savon est devenu accessible. C’est ainsi que le niveau de propreté général s’en est trouvé relevé.

La première guerre mondiale avec ses pénuries de matières premières oblige les nations à innover. L’Allemagne est la  première à créer les agents de surface de synthèse. C’est l’ancêtre de ce qu’on appelle aujourd’hui, les tensio-actifs de synthèse. 

La seconde guerre mondiale pousse encore plus loin la création de nouveaux tensio-actifs de synthèse, toujours moins chers à produire et moins gourmands en matières nobles. Dans les années 50, ils supplanteront les savons…

Les savons qui sont produis de manière industrielle, ont baissé en qualité. Ils assèchent même la peau, amputés de leur glycérine. Les consommateurs se tournent vers les savons de synthèse, qui sont moins chers et adoucis grâce à l’ajout de glycérine.

Malgré tout ceci, la fabrication de savon artisanale demeure grâce à des savonniers investis et sérieux. Elle est discrète, réservée aux puristes, parfois considérée comme folklorique voire ringarde. Mais, redevient au goût du jour grâce à leurs talents et aux produits d’excellente qualité qu’ils utilisent.

De nombreuses habitudes de l’époque que nous sommes particulièrement heureux d’avoir abandonnés, et l’absence d’hygiène en fait partie. Aujourd’hui nous pouvons profiter de merveilleux savons fabriqués en France, avec des produits de qualité. C’est notamment le cas chez Bleu Blanc Bulles.

Un panel de savon

Le savon d’Alep, fait partie des plus anciens savons fabriqué à l’origine en Syrie. Elaboré depuis des siècles à partir d’huiles de baie de laurier et d’olive, ce savon est conçu dans la tradition selon la méthode de saponification à chaud. La cuisson faite dans des chaudrons de cuivre, consiste à ajouter en fin de processus, l’huile de baie de laurier qu’ils souhaitent préserver. Nous en avons confectionné une variante sous le nom d’Oli’Baie, en saponification à froid, adaptée à toute la famille.

histoire du savon
histoire du savon

Le Castille est né comme son nom l’indique en Espagne. Il a la particularité d’être fabriqué avec une seule et unique huile, l’huile d’olive ! C’est un savon très doux pour la peau, qui cependant ne produira que très peu de bulles.

Ci-contre la version que j’avais réalisée lors de mes débuts. Il a été consommé après une cure d’un an de séchage

Le (véritable et l’authentique) savon de Marseille est quant à lui fabriqué uniquement dans les Bouches du Rhône et composé seulement d’huiles végétales : d’olive, de coco et de palme. Sa particularité est son procédé de fabrication. Il subit 5 étapes successives bien précises pour sa fabrication :

Etape 1 : la saponification ou “empâtage” : réaction chimique créée sous l’effet de la chaleur de la soude avec le mélange des corps gras grâce à une cuisson au chaudron.

Etape 2 : le lavage : la pâte à savon subit plusieurs lavages à l’eau salée afin d’éliminer l’excès de soude.

Etape 3 : la cuisson : pate à savon est cuite pendant 10 jours à température constante de 120 °

Etape 4 : la liquidation : plusieurs lavages sont réalisés à l’eau pure afin de le débarrasser de toute impureté pour l’obtention d’un savon “extra pur”. Il est ainsi dépourvu de la glycérine naturellement produite lors de la réaction de saponification. Il n’en reste que d’infime trace.

L’ensemble de ces 4 étapes s’appelle “la cuite”.

Etape 5 : la coulée de la cuite : versée encore chaude aux alentours de 60 degrés dans “les mises”, qui sont de gigantesques moules, la pâte à savon y est amenée par le biais d’un canal articulé en bois appelé “goulotte”.

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